ARTICLE DE PRESSE
PAROLE D’EXPERT : Dr François OLIVIER (Psychiatre, Président – Directeur de la FERREPSY Occitanie)
DATE DE PUBLICATION

Quels sont les besoins aujourd’hui en santé mentale ?
Le domaine de la santé mentale, vaste et hétérogène, constitue un enjeu majeur de santé publique. On estime qu’un Français sur trois souffrira d’une problématique psychique à un moment de sa vie. Chaque année, 200 000 tentatives de suicide sont recensées, les besoins en pédopsychiatrie explosent, les demandes se multiplient (psycho-traumas, violences, addictologie, souffrance au travail et burn-out, troubles anxieux, handicaps…). Avec les maladies cardio-neurovasculaires et le traitement du risque vasculaire, les pathologies psychiatriques et les traitements par psychotropes constituent le 1er poste de dépense de l’Assurance maladie. La pandémie actuelle ne va faire qu’accroître les demandes de soins et d’accompagnement pour les usagers et leurs proches, souvent objets de stigmatisation et d’incompréhension.
Paradoxalement, la recherche académique en psychiatrie et en santé mentale demeure encore largement sous dotée et les politiques de santé peu évaluées. Dans ce contexte, il est urgent de coordonner nos moyens et de collaborer avec des partenaires disposant de connaissances complémentaires. C’est de cette réflexion qu’est née la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale d’Occitanie (FERREPSY Occitanie).
Quels sont les acteurs impliqués ?
Transversale, la santé mentale nécessite une approche pluridisciplinaire et implique de nombreux intervenants, des soignants aux différents acteurs de l’éducation, des services et établissements sociaux et médico-sociaux, des mondes du travail et du logement, de la justice, du politique et administratif, des associations… Toute la difficulté consiste à coordonner ces acteurs sans tomber dans un mille-feuille inopérant, peu efficace dans la mise en place du soin ou du soutien attendus.
La loi de modernisation de notre système de santé de 2016 a essayé de corriger les manques par la mise en place des Conseils locaux de santé mentale (CLSM) et des Projets territoriaux de santé mentale (PTSM), visant à mieux intégrer la santé mentale dans le champ de la santé publique, proposant une approche globale et décloisonnée favorisant une démarche vers l’intégration et la citoyenneté.
L’objectif est d’améliorer l’accès des personnes concernées à des parcours de santé et de vie de qualité, sécurisés et sans rupture.
Pourquoi la mise en place d’un observatoire régional en santé mentale a‑t-il un intérêt ?
La France ne dispose que de très peu de données épidémiologiques pour objectiver le poids et les caractéristiques des maladies mentales et des enjeux de santé mentale. Ce manque d’information et d’instruments de connaissance et de pilotage rend difficile la décision publique. Or, les projets de recherche ou d’innovation, dispositifs de soins innovants nécessitent au préalable un état des lieux et un suivi d’indicateurs pour permettre l’évaluation des dispositifs. Ces différents constats nous ont conduits à créer l’Observatoire régional santé mentale Occitanie (ORSM), co-piloté par le CREAI-ORS Occitanie et la FERREPSY avec le soutien financier de l’ARS Occitanie. À l’expertise de la collecte, de l’analyse, de la synthèse et de la mise en forme des données épidémiologiques s’associe celle des professionnels de terrain. L’ORSM va permettre de faciliter l’accès aux informations pour l’ensemble des acteurs, de mettre à disposition des indicateurs synthétiques, actualisables régulièrement et compréhensibles, de répondre à des demandes spécifiques, de valoriser et restituer des connaissances, en articulation avec les dispositifs (soignants, recherche…) et les instances territoriales (PTSM, CLSM…).
Nous allons également proposer une data-visualisation des indicateurs choisis via un Système d’information géographique, en nous associant à celui créé par nos collègues de la Fédération de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France (F2RSM Psy) Cartopsy®, de façon à pouvoir partager et comparer les mêmes indicateurs.
Nous espérons que d’autres régions suivront cette initiative. L’idéal serait d’obtenir, in fine, une cartographie nationale.
- 1 avril 2021